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La nuit tu mens

Elle s’était mis un chronomètre : 60 minutes pour oublier. Cet amant italien qui ne veut pas s’engager, et ce manuscrit qu’elle n’arrive pas à achever. 60 minutes pour rejoindre des copains dans un bar, danser, chanter, boire, et puis s’y remettre. 60 minutes pendant lesquelles on va glisser du GHB dans son verre.
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Quand Arabella émerge le lendemain, elle se sent vaseuse mais elle est bien devant son ordinateur, tapant fébrilement les ultimes paragraphes de son livre. Elle ne comprend pas tout de suite. Cette porte qui claque à répétition dans sa tête. Et cette silhouette penchée au-dessus d’elle. Ce ne sont pas des souvenirs. Si ?
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Produite par HBO et diffusée en France par OCS, « I may destroy you » est une petite bombe à fragmentation. Sa créatrice et interprète principale, Michaela Coel, n’y revisite pas que son propre viol. À travers ses personnages secondaires, elle explore d’autres ramifications du consentement. Ces zones grises où les choses dérivent insidieusement. Ces petites emprises qui sont la marque d’une violence plus sourde.
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Riche de sa charge autobiographique, la série l’est également de ses propres excès. Par l’intensité de sa narration et de ses affects, par sa volonté de s’emparer de tous les sujets, de la transphobie aux réseaux sociaux, elle reflète aussi notre culture du zapping. Cette vie moderne qui nous incite à tout explorer et nous file inéluctablement entre les doigts, au fil des notifications, des interruptions, de ces pointillés qui ponctuent implacablement nos journées. Série sur la prédation, « I may destroy you » est aussi une œuvre troublante sur la mémoire, sur ces efforts surhumains qu’il nous faut parfois pour nous canaliser. Et pouvoir enfin, comme Arabella, écrire notre destin.

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