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Mon visiteur du soir

En ce moment, je dors moyen. Genre, moyen moyen. Parfois, dans ce long et interminable couloir vers le sommeil, j'invite David Lopez. J'ai mis un temps infini à pénétrer son "Fief", couronné par le Prix du Livre Inter en 2018, et que je me suis offert au format audio.Il y parle de boxe, de désoeuvrement, de ces zones blanches entre ville et campagne, où l’on ne rêve pas beaucoup mais où l’on baisse rarement la garde. De ces banlieusards qui ne sont ni des bourgeois ni des lascars. Quelque chose entre les deux, qui ne compte pas pour grand monde, et qu[...]

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Violence de la vie conjugale

Jamais autant parlé devant une série. Jamais autant appuyé sur pause, eu besoin de commenter, décortiquer, exorciser ce que je voyais. Ce qu’on voyait. Je l’ai regardée avec l’Homme, on vient de fêter nos 14 ans.Comme « Les Noces Rebelles » ou « Blue Valentine », « Scenes of a marriage » dit ce fossé immense qu’il y a entre aimer quelqu’un et être en couple.Cette solitude infinie des caps qu’on ne franchit pas ensemble et qu’on tait pour protéger l’autre.Ce moment où il faut parler, mais où les mots font encore plus[...]

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Le cahier de latin

Dans "L'affaire Margot" de Sanaë Lemoine, un des personnages vit une humiliation profonde lorsqu'en classe, un professeur lui reproche de copier l'écriture d'une camarade, la forme de ses lettres, leur emprise sur le papier..J'ai repensé à ce passage en tombant sur ce cahier de latin, 3 jours plus tard, chez mes parents. Dans ma chambre de jeune fille restée intacte à l'étage, et que je me promets de vider depuis 10 ans..Rien ne m'était familier. Ni le cahier lui-même (un vieux Clairefontaine vert pomme) ni mon écriture..Mon nom et celui de mon collège[...]

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Démon et merveille

Trouver les mots justes ce n’est pas se mettre en quête du vocabulaire le plus sophistiqué, des tournures les plus élégantes. Quand je cherche les miens, et que j’aide mes élèves à trouver les leurs, j’insiste particulièrement - cela fait l’objet d’un exercice dédié dans mon atelier - sur la vitalité qu’amène la langue orale à un texte. Parce qu’elle nous connecte au vivant, au son, à la langue d’une région, d’un métier, d’un milieu, d’une classe sociale. Pour écrire ce roman d’une violence inouïe, le chroniqueur judic[...]

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Partenaires particuliers

Ils rentrent d’une avant-première. Son film à lui, sa vie à elle. Pendant qu’elle fait cuire une plâtrée de pâtes en silence, il se gargarise des louanges enfin reçues, tout en méprisant ceux qui les lui ont adressées, et ce prisme racial qu'ils veulent lui apposer. Au début elle laisse dire, fume, fragile, appelant les regards dans sa robe pailletée. Et lorsqu’il célèbre sa beauté et entend fêter son triomphe avec elle, cette muse qu’il a oublié de remercier dans son discours, elle explose.« Ce n’est pas une histoire d’amour&nbs[...]

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Corde sensible

La femme m’interroge, m’effraie parfois. L’œuvre me bluffe et me cueille à chaque fois. J’ai vu et aimé l’intégralité des films de Maïwenn, « ADN » n’y fait pas exception. Par quel miracle une cinéaste parvient-elle à sonner vrai instantanément, du rire aux larmes, quelles que soient les outrances de ses protagonistes et de ses situations ?Oui dans « ADN », histoire d’une famille dysfonctionnelle qui implose après un deuil, tout le monde est trop beau et probablement trop barré pour être vrai. Et je trouverai toujours ça étrange,[...]

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True romance

C'est au Texas que se passe "Song to Song" de Terrence Malick et dans un état proche de l'Ohio que je me suis écroulée devant hier soir. Un épuisement post-insomnie et post-masterclass qui m'a retenue de me lever au bout de 5 minutes pour attraper la télécommande et arrêter ces conneries. Je suis restée, bien m'en a pris.Alors oui, au fil de ces marivaudages amoureux dans le milieu de la musique - où l'on croise les Red Hot, Iggy Pop, Lykke Li ou Patti Smith - chaque pointure hollywoodienne trouve son emploi le plus évident. Rooney Mara en petite chose[...]

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Pomme d’amour

Ce soir-là j’étais partie pour attaquer « Industry » mais ma connexion à OCS ne cessait de planter. On était mardi donc il n’y avait aucun de nos rendez-vous hebdomadaires de couvre-feu, ni « Top Chef » ni « Koh-Lanta », ni « Grey’s anatomy » que l’on suit en US+24. Et je m’étais emparée de la télécommande avant que l’Homme n’enquille un énième documentaire sur Netflix. J’ai ouvert Amazon Prime. Tiens, « Modern Love ». Je ne connaissais cette rubrique culte du « New York Times » que de réputation, et avais offert, quelques s[...]

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Mater dolorosa

Après un accouchement cauchemardesque, Martha perd pied. Voilà le peu d'infos que j'avais sur "Pieces of a woman" avant de le regarder. Et je bénis le critique du Parisien, un très bon ami à moi, qui n'en avait pas dévoilé davantage dans son papier. Gardant l'intrigue précise à couvert pour mieux en préserver la décharge émotionnelle. Prudente autant qu’intriguée, j'avais décidé de voir le film sans témoins. Ça promettait d'être rude. Mais je n'imaginais pas à quel point. J’ai tellement pleuré que j’ai dû m’y reprendre à plusie[...]

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La nuit tu mens

Elle s'était mis un chronomètre : 60 minutes pour oublier. Cet amant italien qui ne veut pas s'engager, et ce manuscrit qu'elle n'arrive pas à achever. 60 minutes pour rejoindre des copains dans un bar, danser, chanter, boire, et puis s'y remettre. 60 minutes pendant lesquelles on va glisser du GHB dans son verre..Quand Arabella émerge le lendemain, elle se sent vaseuse mais elle est bien devant son ordinateur, tapant fébrilement les ultimes paragraphes de son livre. Elle ne comprend pas tout de suite. Cette porte qui claque à répétition dans sa tête. Et[...]