Je l’ai pressenti dès que le sinistre dans les locaux de mon hébergeur OVH a été officialisé le 10 mars. Pressenti que je ferai partie de ceux dont il ne resterait rien. Effacer quinze ans d’existence digitale dans un incendie, avouez que ça ne manque pas de panache. Surtout pour quelqu’un qui vient de publier un livre sur les pompiers. J’ai été rattrapée par ma propre histoire.
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Ne pas avoir prévu le niveau de sauvegarde supplémentaire, le backup du backup du backup, ce n’est pas anodin. J’aurais pu le faire, je ne l’ai pas fait. Comme si j’avais intégré qu’écrire un autre récit était toujours possible. Un incendie c’est forcément le rapport à la mémoire, à la page blanche, à la réinvention. « Un beau feu » disent les pompiers. Et depuis combien de temps cette auto-combustion était-elle à l’oeuvre, en réalité ? À chaque changement de plateforme ou d’habillage, déjà, je perdais des plumes. D’abord vos commentaires, puis des photos. C’est le prix à payer pour déménager, on n’arrive jamais intact à destination.
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Aujourd’hui, me voilà éparpillée façon puzzle. Mon visage et ma silhouette sur Pinterest. Mes textes sur Instagram. Mes livres en librairies. La matrice originelle, ce point où tout convergeait, ce foyer, lui, a disparu. Il en reste des liens qui ne mènent plus nulle part, des mots et des images qu’il est encore possible de ramasser dans le « cache » (puisqu’Internet n’oublie rien), mais qui ne tiennent plus ensemble. Ils sont tombés comme des feuilles, privés de l’arbre auxquels ils étaient attachés. On peut y voir toutes les métaphores du monde. Celle du miroir brisé, aussi. Pour une blogueuse, c’est tentant.
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Par un curieux signe du destin, tout ceci arrive au moment où je travaille sur la version poche du « Dressing Code » qui sortira cet automne, et où je dois choisir quoi modifier. La couverture, cette chère couverture fragmentée qui semble aujourd’hui prémonitoire, j’y tenais mais je ne pourrai pas la garder. Pas « poche-compatible » paraît-il. Encore un reflet de moi qui disparaît. Mais pour le contenu, j’ai ma réponse. Ma meilleure sauvegarde, elle est là et à ce texte, je ne changerai pas une ligne.
Image : Pinterest
Colette
On apprend ainsi que le « dématérialisé »ne l’est pas finalement puisqu’il dépend de supports matériels. Que ce soit l’incendie d’un serveur, des transferts hasardeux de données ou la perte d’un appareil (téléphone, tablette), on dépend de la matérialité des choses. C’est au fond rassurant : tout n’est pas virtuel!
Bon retour!!
peacockinapot
Bon eh bien … Bon nouveau départ ? Bon retour ? J’espère que ton blog renaîtra de ses cendres (sans mauvais jeu de mots), j’aimais beaucoup relire tes anciens articles en fonction de mes recherches.
Plip de passage
J’espère que tu as sauvé certains textes, notament sur ta période « dead fleurette »